RETROUVER EGINE…

      

(Pistachiers et pistaches … spécialité d’Egine)

(Le grand bleu… non ça c’est plutôt du côté d’Amargos qu’il faut le chercher;

.. mais si vous avez de la chance, vous distinguerez peut-être la silhouette du Petit Prince dans ce champ de bleuets, la photo a été prise à Hydra)

Allons.. Cessons de tourner autour du pot! il nous faut rentrer maintenant,

laisser Ponyo sur la côte nord d’Egine, dans ce chantier qui parait-il fait du bon travail  sur le polyester.

        

(Entrée à reculons dans la darse des Kanonis .. pas très large,  surtout avec un vent travers arrière)

 

Je voudrais faire refaire le gel-coat (enveloppe extérieure) de la coque avant le printemps; enveloppe que j’ai trouvée trop fine lors du dernier carénage même si le support est sain et sans trace d’osmose (maladie de la résine avec  présence d’eau).

Ambiance “brut de décoffrage”, chantier éloigné de tout, zéro information … “qu’on est loin, qu’on est loin des amours de loin”… Pourtant j’ai plutôt confiance.  Je ne m’attends pas à ce que l’on me saute au cou; pas l’impression que ce soit dans la culture des îles grecques; ni d’aucune île d’ailleurs. Les gens vont et viennent.

Kanonis. Chantier familial, le grand-père, le fils, aujourd’hui le petit-fils … Je les vois faire, caler le bateau avec des poteaux ronds et des coins de bois enfoncés à la massette, directement sur la terre battue. Je ne peux m’empêcher de penser qu’avec le réchauffement climatique, une grosse pluie suivie d’un peu de vent …

Bref je loue un vélo et je retrouve Egine, la ville, toujours bien séduisante, quand même un peu petite, avec ce temps plus gris,  des magasins fermés… mais le musée ouvert et le site archéo aussi.

   

Alors, la Grèce. Rêve ou réalité? Quid en fait du tourisme?…

Le tourisme est partout; Grèce, pôles, déserts… On en a besoin, on le subit, on le maudit; il rend la vie insulaire moins routinière, plus enjouée, superficielle, et un peu fausse.. Où placer le curseur entre l’authentique et le folklorique? Visiteur et visité finissent par ne faire plus qu’un, chacun pris au piège d’un rêve vain qui l’appauvrit en lui faisant croire le contraire. Pourtant que faire quand on est un petit village face à une telle demande de mythe, de soleil et d’ailleurs, à part laisser rêver, ou fabriquer du rêve?

Comment pour se préserver ne pas être tenté d’ériger entre soi et l’autre cette barrière invisible, cette distance; comment lorsque l’on est touriste continuer à croire à ce paradis vidé de sa substance par le nombre, balisé, démystifié, et tellement photographié qu’il en devient insaisissable?..

Surtout, entre les deux, quelle place pour le voyageur?

Parler la langue. Passer du temps. Payer pour voir. Le nomade n’a jamais été le bienvenu: en groupe il inquiète. Solitaire il n’existe pas. Le voyage pose les questions. La réponse?… “the answer my friend is blowing in the wind”…  je ne suis pas sûr qu’on tienne tant que ça à l’entendre!

Elle est pourtant bien là, dans le rythme même des cloches qui chez nous résonnent comme une exhortation, mais ici  comme une véritable injonction . Elle est multiple. Elle se cache et se révèle un peu partout; jamais beaucoup à la fois.

Ici. Là-bas sans doute,  partout sous le ciel immense, sur cette “Terre qui est quelquefois si jolie”…

‘Toujours un peu plus loin’