MYTHILENE :
Je ne le crois pas!: 15 jours que nous sommes scotchés ici, au quai du port de la ville. En attente des artisans mais surtout du déblocage de la ligne internet, de la carte bleue, de la tablette… toujours les mêmes!… Et de conditions météo plus soft! Délai pourtant trop court pour voter aux législatives..
Il fait chaud, c’est la ville, il y a du monde; moins qu’en mer Egée-Ouest cependant, dans les Ionniennes; ou même que plus au sud, dans les Cyclades. Moins de boîtes de location, éloignement d’Athènes… Même si de nombreux voiliers turcs profitent comme nous du bas coût des ports grecs et de la discrétion des autorités portuaires.
Aussi, pour la plupart des ‘captains’ – puisque c’est ainsi qu’on nous interpelle – y a-t-il La Grèce … et le reste du monde! Aussi aimons-nous les grecs, qui nous permettent de nous sentir ‘chez nous-chez eux’, dans un pays aux nombreux envahisseurs saisonniers, parfois résidents, et avec un pouvoir d’achat différent.
Et mettons-nous dans un même panier la plupart des autres destinations méditerranéennes pour lesquelles le plaisancier est devenu une vache à lait, France, Espagne, Italie, Croatie… avec places au port à plus de 100 euros la nuit et confiscation des abris naturels par des investisseurs plus blancs que neige.
MOLIVOS ET PETRA :
Les quelques amis que j’ai revus à la marina rentrent chez eux en juillet. J’ai loué une voiture avec Ali pour aller à MOLIVOS-(METHYMNA) .. prononcer Molinos.. Très gros coup de coeur pour ce site très beau, à la fréquentation touristique raisonnable, à la plage inspirante, même pour qui s’y ennuie vite. Des canadiennes me disent qu’elles y étaient quasi seules il y a un mois; que leur professeur vient ici depuis trente ans et que cela n’a presque pas changé. Petite parenthèse d’éternité.
Le retour à Mythilène n’en est que plus pesant. Car une des nombreuses choses que m’apprennent le voyage, c’est que tous les lieux ne se valent pas. Sinon pourquoi avoir trouvé ses marques à Egine, et pas ici. Objectivement la ville a tout pour plaire… Parce que c’était moi, parce que c’était elle… cela ne se commande pas… Mais aussi quelle idée d’entreprendre ces travaux maintenant? … Je ne regrette pourtant pas: le soleil n’a pas encore été vraiment méchant, et j’apprécierai l’ombre avant peu.
La patience n’a jamais été mon fort. Je dois à Ali, d’avoir pu rester 15 mn immobile sur un transat et sous un parasol, à juste écouter, regarder, éprouver cette mer si belle et si sereine. Sans lui, le turc, l’oriental, je serais passé à côté, happé par la découverte ‘urgente’ du port. C’est ce qui nous manque, souvent: aller voir; ne pas se fermer; voir le monde avec les yeux d’un autre, à la sensibilité, à la culture, aux habitudes différentes. Regarder différemment.
Pour voir le relief il nous faut deux yeux. Pour voir la vie en relief il nous en faut quatre. Cela n’a rien de facile; avec le temps nous avons tendance à nous automatiser; à aller au plus court; nous savons. Et notre cervelle ne nous aide guère à en prendre conscience, car elle n’est pas indépendante. Son raisonnement se fonde autant sur des conventions que sur des vérités. Demeure cette part oubliée jamais remise en cause, qui rend l’autre infiniment salutaire.