
(Egine, la statue de la ‘femme du marin'( ? ) qui tourne le dos à la mer sur la route de Suvalu)
Avion, métro, ferry au départ du Pirée. Le soleil brille, grec et léger, il ne fait pas chaud.
Le chantier Kanonis, Je retrouve Ponyo. Trombes d’eau en soirée. Les 2 semaines que j’ai prévues pour nous préparer ne seront pas de trop: le mot “anticiper” doit être … d’origine latine plutôt que grecque; les choses finissent par se faire mais on peine à comprendre comment 🙂


Puis enfin la mise à l’eau. Le moteur démarre. Direction le quai principal d’Egine.
Demain ce sera Poros, pas très loin dans le sud; puis Kythnos, Serifos, Mykonos… Amorgos surtout! Et en avant Guingamp…
Pour la suite rien n’est décidé. Nous pouvons continuer vers l’Est, le Dodécanèse, Samos… Les amis de « Vinarios » en partent justement ; nous nous croiserons bien quelquepart dans une île; peut-être ferons-nous ensemble un bout de chemin …
Ou bien descendre en Crète .. Ponyo est prêt et ne demande qu’à jouer. Je n’ai plus aucun flottement dans la colonne de barre, le moteur est révisé; le sondeur remplacé, et fonctionne (y compris la possibilité d’afficher la vitesse du bateau par rapport à la surface de l’eau à côté de la vitesse GPS), et tous les pleins sont faits…
Mais voila que la tablette, qui n’a même pas deux ans, refuse de charger. S’il n’est pas central le problème est réel. Sans tablette je suis à la merci du seul téléphone pour lire la météo, préparer les mouillages, recevoir internet .. Et l’affichage est minuscule.
Athènes est à 1h20 de ferry, le choix est vite fait. On perdra le temps qu’on perdra. J’achète un “Issitirio” (billet) pour le Pirée.
LE PIREE :
Il y a l’embarcadère …

… et il y la Le Pirée, le port d’Athènes, et la ville étendue qui s’est développée autour. Autant profiter de l’occasion pour faire connaisance, laisser les pieds réfléchir, renouer avec le bonheur fragile d’être vivant sans cesse menacé par le doute et l’esprit de sérieux… d’ailleurs arrive-t-il aux grands de ce monde de se perdre?
“Petit Scarabée, au sommet d’une montagne on trouve le bonheur qu’on y apporte” me rappelle l’ami Sandro. Le bonheur… ou aussi bien l’abysse.
Elle ne fait pas le moine.. L’incertitude me gagne en ce début d’avril. Marcher me fait du bien. Les avenues entre les marinas où trônent les grands yachts, les gens dans la rue qui ne gravitent visiblement pas dans les mêmes sphères, des cages à oiseaux sur des façades d’immeubles, et le panorama tout en haut du Pirée me convainquent bien mieux que tout raisonnement qu’aujourd’hui est unique, et que demain est un aujourd’hui qui n’a pas déployé toutes ses séductions.


(Qui se douterait devant cette vue vers l’Acropole, qu’elle représente pour moi ce monsieur entre deux âges qui promenait son chien, et m’aida à trouver l’endroit d’où je pourrais la situer, qu’on y trouve au sommet un bowling, un théâtre couvert, l’ancien a disparu… Ou que sur la suivante les rues sentent les orangers en fleurs dont elles sont bordées.. et parfois aussi les poubelles? ..)
Un blog sert à raconter, à partager?.. bien sûr. Mais un blog aide aussi à ne pas se dissoudre; à jalonner la vue. A être acteur. 
J’aurais pu écrire le même article à Marseille, fondée en 600-AC par des grecs venus de Phocée (actuelle Foça en Turquie, face à l’île de Chios). J’aime bien le Pirée. Ses enfants ont poussé.
J’y retourne après-demain récupérer, peut-être ma tablette.
EGINE :

Le port d’Egine se remplit de bateaux de location déjà, touristes d’Athènes ou d’ailleurs en Europe, Europe du nord, centrale, Roumanie, Pologne, asiatiques… Au début de ce voyage la découverte, l’émerveillement, la surprise écrasaient tout.
J’appréhende à présent de quitter cet état de grâce. De ne plus voir que ce monde formaté, consumériste et vain qui m’entoure et laisse de moins en moins de place à celui de l’enchantement. Un monde saturé. Un monde vulgaire.
Un monde sans racines.
Alors c’était mieux avant ? Je ne sais pas. Mais il va falloir recharger les batteries, ces .. accumulateurs ! “Allons, c’est ma tablette qui ne charge plus”- … Vraiment ? …
Ponyo me dit que ce n’est pas grave, qu’il est là, lui, qu’il trouve du sens à la vague, à l’écume, au petit mouillage précieux, au chemin de chèvres qu’on aperçoit depuis la mer et qui disparaît derrière la colline.
La seule différence avec un chien c’est qu’il n’aboie pas et que je ne dois pas ramasser ses crottes. Sinon il tire sur sa laisse et se lève tous les jours avec la banane !
Sacré Ponyo !
(merci à Véronique pour la photo de sa chienne, Utsie!)