HALKI, LA JOLIE CARTE POSTALE

Quand je vois la taille des ferries et le monde qui en sort je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Halki c’est un tout petit village, pas beaucoup plus grand qu’Alet-les-Bains  chez moi! Il y a une jolie plage, Ftenagia, près de laquelle je mouille avec PONYO, , une autre plus grande, Pontamos, avec une armée de parasols prêts à ‘parasoler’ … et c’est à peu près tout.

   

   

 

   

Alors les gens arrivent de Tilos ou de Rhodes parce qu’il faut bien leur vendre quelque chose et que c’est joli. Les vieilles maisons sont plus pauvres, plus discrètes. Maintenant il y a de l’eau partout; il a dû y avoir une époque où elle était plus rare et la vie plus dure.  Nombre d’habitations sont reconverties  en gîtes d’été proprets dans le goût vénitien qui plaît aux vacanciers.

‘Cest une espèce de petit SIMI, m’a-t-on dit, en moins surfait’… Peut-être … C’est vrai qu’il y a encore des gens qui vivent ici;  tout n’est pas que tourisme. Mais il ne faut pas beaucoup de canelle, de girofle, de coriandre pour rendre un plat incomestible; qu’on ait la sensation d’en retrouver le goût partout.

TILOS

Mouillage au nord de Livadia, pas très loin d’un catamaran de 12 mètres que j’ai rattrapé au vent arrière, lui sous foc seul moi avec ma grand-voile. Il hisse sa GV lui aussi et arrive juste avant moi: il n’y a plus de vent; nous finissons au moteur.

Ancrage de nuit un peu rouleur que j’échange le lendemain contre la grande baie de Livadia où je retrouve les amis de “Dune”.

Nous  décidons d’aller dîner ensemble ce soir quelque part…

En attendant je mange un bout à terre et pars balader en plein cagnard sur LA route de l’île!

 

TILOS est moins aride qu’elle ne le semble depuis le bateau, mais il fait chaud.

   

Par chance quelques centaines de mètres plus loin une camionette chargée de plantes et de jarres s’arrête et me fait signe de monter m’asseoir entre les pots de fleurs, et nous partons. Le problème c’est: nous partons où ?  Car il semble lancé pour traverser toute l’île et je suis à pied; aucun moyen de l’arrêter!…

Je me tiens aux jarres sans pouvoir photographier le paysage magnifique qui défile. Et nous arrivons à Macrochorio.  Tout content Alex m’aide à descendre du pick-up mais comprend que je n’allais pas forcément à la ‘capitale’! Ce n’est pas grave. Je vais déjà monter vister le village, puis je rentrerai à pied; après tout il n’y a que 6 ou 8 kilomètres .

    

Je ne suis pas allé à la grotte des éléphants (car on a trouvé des squelettes d’éléphants nains ici, lesquels ont disparu il y a 4000 ans). De toute façon je pense qu’elle était fermée et je ne rêvais déjà que de jus d’oranges pressées bien frais.

Le lendemain matin Pierre-Yves et Sylvie partent pour HALKI; je pensais aller d’abord à SIMI puis HALKI puis  RHODES mais le vent s’étant établi à l’ouest je ferai comme eux.

 

 

 

NISYROS, MANDRAKI

Je profite d’être au port pour mettre à jour mon petit journal de voyage.

La nuit précédente je me suis réveillé à 4 heures : un tumb’ tumb’ inhabituel. Il faut dire que j’ai laissé filer toute ma chaîne en arrivant, jusqu’au câblot textile que j’ai tendu mais ça n’a pas suffi. Le vent travers tribord me met le bateau en biais. Les ‘ballons’ de l’arrière touchent le quai. Je parviens à remonter la chaîne jusqu’au guindeau avec  aussières et winch. de façon que le guindeau puisse enrouler la chaîne et la tendre.

Ce matin je finissai juste de reprendre et de simplifier mon système quand un voilier de 15 mètres avec un équipage allemand de 6 personnes est venu se coincer entre la chaîne du voisin et la mienne, cherchant à se dégager à grands coups de propulseur d’étrave en .. accentuant le problème;  le vent porte vers nous, faible mais suffisant. J’ai molli ma chaîne, et ils ont pu partir, avec force remerciements. Bon, qui n’a jamais fait des c.nneries leur jette la première pierre…

 

A peine retendu, voilà qu’un skipper turc lancé à 4 noeuds se paye le mouillage de mon voisin, qui fait fusible mais pas longtemps; il attrappe le mien aussi;  il me faut à nouveau répéter la même manoeuvre, et Stavros vient refaire le mouillage du voisin qu’il réussit à joindrer au téléphone. Eux ont loué un voilier “normal” un 34 pieds, lui irlandais et elle suissesse. Cet après-midi c’est la forteresse à deux coques d’un australien parti visiter le volcan, dont le génois mal attaché commence à prendre le vent, le faisant dévier dangereusement vers Ponyo. Re-Stavros.. qui m’avoue que dès que le vent grimpe au-dessus de 10 noeuds il ne sait plus où donner de la tête.

 

 

– MANDRAKI :     

Que c’est beau : comment dire il y a tout… mais aussi la “Grèce d’avant”! Même une petite plage protégée du vent où 4 personnes se baignent et où l’eau semble chaude, un monastère en hauteur, des vieilles ruelles, des balades le long du môle, des bistrots des tavernas. Je me sens en vacances!

    

          

      

Un peu avant sur la route un très grand édifice, adossé à un port: des thermes, abandonnés. “Pourquoi c’est fermé?” je demande… “ah! problems, problems! ‘provlimatas’ ” Je pourrais presque mouiller là; mais on ne peut pas tout faire.

A midi je vais manger à la taverna de la mère de Stavros ou de Nikki, je ne sais pas,  avec mes voisins du 34 pieds Dave et sa femme. Dans le doute je demande à l’aubergiste si elle est la Yaya de Pétrou… grand sourire et un bon moment partagé. Tous les pleins sont faits, gasoil avec un mini-camion-citerne  tout neuf, et eau avec mon jerrycan de 20 litres, en plusieurs fois,  avec le  scooter avant de le rendre… Et demain? Tilos??  ‘Tha Vlépoume’.. nous verrons bien!

GYALI ET NISYROS, LE VOLCAN

– GYALI :

Sans mon overdose de bateaux de pirates, de ‘people’, d’équipages bruyants équipés en série de la même boîte à rire, je ne me serais pas arrêté à GYALI, qui n’est en fait qu’une grosse carrière à ciel ouvert. Un voiler se trouve déjà à l’endroit que j’aurais choisi, sous le rocher dit “du géant qui fait ses besoins”.. hum; il faudra que je reprenne une photo de près à l’occasion, il est très réaliste.  L’endroit n’est pas si laid. La vue est même plutôt belle, ouverte, le bruit des engins de chantier s’arrête à 19h.

La houle est certes probable. Mais pour l’instant quelle paix!

La houle arrive le soir, peu agréable. Le lendemain matin j’enfile ‘shorty’, masque et tuba, et me baigne une heure dans une eau claire à 21 degrés. Petites raies et gros poissons perroquet brun-roux. A un endroit des chapelets de bulles de gaz montent du fond en s’élargissant vers la surface. Le voilier voisin parti je me rapproche de la côte où la houle résiduelle de sud ne semble pas moindre, malgré le vent franchement nord-ouest: mystères de l’orographie sous-marine…

     (Gyali depuis Nisyros)

– NISYROS :     (l’île du volcan)

La même famille s’occupe du port de PALOI (Pali), de la location de deux ou quatre roues, des sanitaires, et la mamie, d’un des restaurants du port: Stavros, Nikki, 4 enfants dont Petros, un garçon d’une douzaine d’années qui ‘assure’, tout en anglais,  quand papa et maman ne sont pas au bureau. On est le 5 juin le port est déjà plein d’une trentaine de bateaux.

Bien sûr je leur loue un scooter et c’est parti pour le tour de l’île! laquelle n’est pas qu’un volcan; elle est aussi verte, boisée de chênes, et surtout très belle.

   

(vers Emporios, un sauna permanent quasi naturel à 50 degrés en bordure de route)

– LE VOLCAN :

 

 

On y descend par une route qui va du végétal au minéral, avec, surprise,  un élevage de vaches qui suggère l’existence d’eau quelque part pour les abreuver. L’entrée est payante, 5 euros. En fait on est encore en périphérie de la dépression principale, qu’on n’aperçoit pas encore. La buvette est pleine sous un bouquet d’eucalyptus. Deux ou trois bus attendent. C’est curieux: contrairement à Delphes, à Sounion, au Parthénon, on n’éprouve aucun besoin d’avoir “le volcan pour soi tout seul”. Ce qui sera pourtant  le cas…

En attendant  des fourmis humaines arpentent le cratère du géant. Beaucoup mal préparées à l’effort physique par leur âge ou leur poids vivent la remontée en plein soleil comme une épreuve physique. Les selfies permettent de souffler un peu.

 

A la fin il ne reste plus personne. On profite de paysages qu’on observe rarement

.

(Ils sont partis. 10 minutes plus tôt j’ai eu du mal à trouver une table à la buvette)

 

Le.volcan est un petit jeune de 150 000 ans, pour ses plus vieilles roches, à 15 000 pour les plus récentes.

Les tours-operators existent depuis 100 à 200 ans. Les individus ‘connectés’  depuis à peine un demi-siècle…

Les volcans font du bien. La fragilité relative de la mer inquiète… celle des glaciers… Les volcans nous remettent à notre place d’humains éphémères et prétentieux.

Héphaïstos n’est pas le dieu le mieux doté, il boîte, sa femme, sublime, le trompe. Mais c’est un dieu, sans l’ombre d’un doute. Une seule fumerole…  une seule secousse, et l’on ne verra plus un bus! … Pour votre sécurité!

LA “DAME DE KALYMNOS”

 

Avant de quitter Kalymnos, je fais un détour par le musée: “deux semaines que tu es là et tu n’es pas allé la voir!?”.

        

Même si elle n’a rien de l’Aphrodite de Cnide, cette robuste matrone force le respect par sa présence et le détail de ses drapés. Quelques autres pièces comme le dauphin en bronze, 2500 ans avant l’invention des filets dérivants, ces bijoux, ces coupes en verre qui font penser à Murano en Italie, ou cette scène, peu commune ‘avant JC,’ d’une mère qui allaite son enfant en famille … valent la peine d’être d’être vus.

‘TO MONOPATI’ – 2 : UNE STAR …

   

La pluie a cessé. Chaussures, sac à dos, portable et on y va.. moitié pour reprendre le chemin où je l’ai laissé avant-hier, moitié pour échapper aux équipages des 2 énormes catamarans qui ont remplacé les 2 énormes ‘Dufour’ d’hier (apparemment on est dans une période germanique), Bref six jeunes un peu gras qui s’emmerdent à bord, à qui il ne vient pas l’idée d’aller à terre, et dont le ton grimpe comme bière au soleil.

Tout ce qui pèse reste en bas;  chaque pas vers le haut allège; on ne s’emmène pas soi-même.

Il faut se perdre pour découvrir.

    

Le chemin rejoint bien la vallée d’à “côté”, avec un col flanqué de petits sommets voisins que je gravis pour trouver de vieilles ruines, cabanes de guet plutôt que cabanes de bergers… quoique: les bergers aussi aimaient contempler la mer!

    

(photo de gauche: là c’est à droite  qu’il faut aller / au centre: poteaux électriques / à droite: le col vu de loin. Mais la mise en page est aléatoire, selon l’appareil)

Aujourd’hui j’ai de la chance: en traquant un bruit d’élytres que je ne parviens pas à situer je retrouve (et photographie)  la gracieuse libellule (ou le papillon) que j’avais perdue lors de ma dernière descente. Je n’en ai jamais vu avant. Sur le net on parle d’ascapapillule (ce nom est une blague!) ou plus sérieusement de némoptère!

   

(vous la voyez photo-1?: ha ha! normal elle n’y est pas! /  et sur la 2?… là elle y est… /  … sur la 3, admirez le camouflage)

   

(légère, aérienne, élégante sur la 4 … /  … et même végétarienne sur la 5! … une STAR!  )