Ces petits scooters Honda 110cc sont du tonnerre: ils ne consomment rien et ont la pêche. Je ne connais pas grand chose de plus grisant que de rouler plein pot à flan de montagne, sur une petite route grecque qu’on ne connaît pas. Le vent du nord s’est levé. Les sommets sont accrochés par une brume mobile. Au col il fait froid et ça souffle. C’est une île comme je l’espérais, sauvage mais habitée en hauteur, très boisée; on s’attend à tout moment à traverser une châtaigneraie, mais non, ce sont des platanes à feuilles d’érable, des acacias, des pins, des chênes verts…
Il y a bien sûr Evdilos, un port que je voulais voir, un abri possible, barré comme Kirykos d’une immense digue en béton. Mais ici non seulement le port de pue pas, mais en plus le lieu est sympatique, familial et bon enfant. Un peu partout les gens vous saluent ou vous rendent votre salut spontanément, à l’ancienne. Pourtant – ça n’en a pas l’air – l’été c’est blindé ici comme ailleurs. Des Icariens expatriés qui y reviennent pour les vacances; des touristes qui au vu de la situation internationale privilégient une destination pacifique.
Je crois que dans cette île assez brute de paysage, les locaux ne sont pas mécontents qu’on vienne un peu les envahir. Mais on ne sait jamais ce que les autres pensent: par exemple lorsque je dis à la serveuse en anglais qu’elle a l’air bien ‘sérieuse’ … elle ne comprend pas “serious”. Alors je le lui traduis par un “Eisei sovari” que je crois irréprochable. Et elle se fige, la main sur le coeur, comme si je lui avais fait le plus beau compliment possible. Diable! le jour où la même tentative sera perçue comme une injure, je me dirai probablement que quand on n’est pas sûr on ferme sa .. ( ) mais ce jour n’est pas arrivé!!
En rentrant, côte sud (sous le vent) les rafales sont impressionnantes, le vent lève par moment des paquets d’embruns; la surface se couvre de traînéees blanchâtres évoquant un état de la mer force 7 – 8. Je veille au guidon. Je m’arrête à la hauteur de Therma Lefkados. Je descends à pied jusqu’à la plage de galets que je longe; parfois je dois escalader des rochers. Je suis allé trop loin. Ici la source chaude n’est pas sous une grotte, mais au bord, entre les cailloux.
La mer fume, on le voit mal sur la photo. J’irais bien dans l’eau mais au bord elle est bouillante, et plus loin il y a beaucoup de ressac. Alors je regarde la mer, magnifique autant qu’infréquentable qui me fait face, balayée par des vents catabatiques qui ne plairaient pas du tout à PONYO; on est pourtant bien loin de ce que nous appelons communément “tempête” en français, que Google traduit par ‘kataygida’ ; aygida : auspices, kata : contre? ..
.. mais c’est sûrement moi qui fabule avec mon Googletrad !