J’aime pas les gens …
“Quand ils sont beaux ils sont idiots, Quand ils sont vieux ils sont affreux, Quand ils sont grands ils sont feignants, Quand ils sont p’tits ils sont méchants” (Boris Vian)
… J’aime pas les gens mais parfois si.
ERIC : (Lakki)
Rencontré au restaurant italien de Gabriela, “Al Fico d’India” (au figuier de Barbarie); il voyage sur son Oceanis-393. C’est un grand bricoleur; avec son boat on pourrait équiper trois bateaux comme le mien. On mange ensemble une autre fois à terre, Et je me retrouve à bord d’ “Animiste”, quel joli nom… où nous passons un bon moment.
Le lendemain il me propose de remplir mes tanks avec son dessal-(linisateur), et ça m’arrange, parce que le ravitaillement en eau oblige à fréquenter les ports, ce qui peut être parfois pesant. Il ne me manque pas beaucoup, 50 litres, mais je n’ai pas de jauge… la peur de manquer, la nécessité de prévoir…
Puis c’est marrant de transvaser, un prétexte pour faire quelque chose ensemble… ça me change de tous ces bateaux constipés, indifférents ou sans culture marine aucune; de ces gens qui n’existent pas. Pour exister il faut être soi-même, et pas indifférent à l’autre.
Il y a des rencontres de dix minutes, de 10 secondes, PONYO en provoque quelques unes. Il en est d’autres plus difficiles, parce qu’il leur faudrait plus de temps.
Et puis parfois c’est naturel, loin des postures; il n’y a rien à prouver; personne à changer… Il fut un temps où nous fonctionnions comme ça, perméables aux inconnus: “tu veux jouer avec moi?”.
ECKART, MARTIN & Co : (Kalymnos)
(Ah ce passage-là est trop long, mes photos sont moches. Et aucune, bien sûr, de l’incident pour m’aider à le raconter.)
Un gros bateau de location avec un équipage allemand. est à quai à côté de moi… dans la catégorie de ceux à qui je n’ai plus rien à dire. Comme des voisins de métro ils seront remplacés par d’autres, les nouveaux ‘clients-hauturiers’ de cette boîte de “sailing” ou d’une autre, qui s’approprient l’espace public et qui pourrissent la Plaisance.
Et puis le vent s’emmêle. Il est d’Est, 90 degrés bâbord. Il y a un grand bateau de passagers, en travaux d’avant saison, une quarantaine de mètres de long; puis un First 38.5 français; puis les allemands, puis moi. 30 noeuds de vent attendus, davantage dans les rafales. Je vérifie les pare-battages; mes voisins disent que ça va, qu’ils ont rajouté des défenses, et m’apprennent qu’ils ont mouillé …15 mètres!! autant dire rien. J’en ai trente, ils ont 10 pieds de plus.
A un moment le vent forcit. Les vagues se forment devant l’étrave du gros bateau qui nous protège. Sauf que son ancre se met à chasser d’un coup. Une barge en fer de trois mètres sur deux qui servait aux ouvriers à travailler sur le bordé s’appuie contre l’arrière du First. L’énorme coque est à 45 degrés du quai, menaçant de tout écraser; l’équipage essaie de glisser des défenses entre les deux bateaux. Le mouillage du voilier allemand dérape. Le mien ne pourra pas tout retenir. Le gros bateau démarre enfin ses moteurs, tente de se maintenir perpendiculaire au quai en s’appuyant sur ses amarres, mais ça ne suffit pas, alors ils augmentent le régime, les remous propulsent la barge mal attachée contre le First comme un bélier.
Avec les voisins allemands on protège le bateau français dont les propriétaires ne sont pas là. Pare-battage, amarres, il faut aller sur la barge, puis sur le yacht tendre des aussières, éviter que la passerelle qui a glissé sous le quai ne défonce le tableau arrière, faire attention aux pieds, aux doigts, . Le gros bateau fait n’importe quoi. Pourquoi ne quitte-t-il pas le quai? En dehors du pilote m’est avis que les autres sont des ouvriers.
Enfin le gros machin s’éloigne! On finit avec les voisins . Puis on va boire un coup chez eux, du vin rouge avec du citron. Ce sont des gens très gentils. Ils font face sans trop de connaissances, mais sans éluder. Ils re-mouillent proprement avec 40m de chaîne; bien leur en prend car il y a encore un coup d’Est en début de nuit. Les prévisions météo n’arrêtent pas de changer. Ils s’en vont tôt le lendemain. S’ils étaient à bord de leur propre voilier on se reverrait sans doute un jour quelque part. N’empêche… je les ai jugé un peu vite!
PIERRE-YVES ET SYLVIE :
Eux sont suisses et on sympathise. Ils ont une chienne, Skye, et un géranium, Gérard. Un Océanis 42-CC, “Dune”, un joli bateau, un peu comme le Bavaria 42-CC de Chantal et de Markus, mes amis de Vinarius. J’adore les histoires des navigateurs: comme ils se sont retrouvés là. C’est toujours très intéressant, c’est souvent beau. Ils doivent descendre sur Rhodos. Moi je suis bloqué par ma carte. C’est rare de se découvrir des atomes crochus avec un couple, cette entité un peu monstrueuse… Il y a 17 bateaux de location dans le port, 13 de propriétaires, dont 4 suisses; et parmi eux ‘Cindy’-qui-ne-s’appelle-pas-Cindy, équipière sur le Trimaran de Charly, à droite sur la photo de droite.
Pierre-Yves et Sylvie partent sans doute aujourd’hui; je leur souhaite des vents cléments. Mais on se reverra c’est sûr, “et si ce n’est pas sûr c’est quand même peut-être” dirait Brel… La vie est étonnante; on est vieux… et on ne l’est pas! ça pourrait devenir un art…
(La Mora sur la tapisserie de Bayeux…)
OLIVER:
Et puis mon voisin tribord OLIVER, à qui j’apprends que le nom de son ‘Belliure’, “La Mora”, un très beau bateau de 15-16 mètres, provient peut-être de celui du ‘vaisseau ducal’ de Guillaume le Conquérant quand il envahit l’Angleterre en 1066. Je ne le savais pas non plus, mais il m’arrive d’être curieux.
On discute un moment ce soir. Il part demain mais il revient à Kalymnos. On risque donc de se revoir. Il me propose de m’avancer des sous, mais je décline. Tant pis pour les tavernas… Ce n’est pas plus mal de manquer parfois: ça recentre! Mais c’est généreux de sa part.
Ces rencontres sont des vitamines. Certains s’en passent. Je me demande comment ils font. Pour moi elles valent bien une carte mangée par un distributeur au fond d’un ‘golfe pas très clair’. Je repasse encore une fois chez Noufris le loueur de voitures. Le type de la machine à billets n’est pas venu. “A ver si mañana …” “Mipos Avrio”. Demain.. apès-demain … Quizas (x 3)!
Voilà, Il est tard. Le blog est à jour! Mais c’est bien la dernière fois que je prends autant de retard, car ça rend tout plus compliqué.