AGIOS EVSTRATHIOS, SUR LA ROUTE DE LEMNOS

Avec l’abandon du projet initial Nord Egée,  Mont Athos, Samothrace… il faut bien trouver une autre cohérence dans la suite du voyage. EVSTRATHIOS sur la carte, est une petite île perdue, rugueuse, peu attractive, à 40 MN de la dernière des Sporades, à 20 de LEMNOS. C’est l’île anti-touristique par excellence! Petit port bétonné, quelques vieilles maisons, quelques rues “carrées” plus récentes et sans trop de charme.

Le trajet est long, j’ai pris du retard, j’arrive la nuit, après un seul bord vent travers à 6,5-7 noeuds avec un ris! PONYO est sur un rail, et heureusement car la mer est encore un peu formée après le coup de nord des jours précédents.

A presque 22h la taverna accepte de me servir et je suis accueilli dans ma langue par Nikos, un chirurgien gréco-suisse d’une grande courtoisie, et son fils Panayiotis,  polytechnicien diplômé de Lausanne .. La seule  autre table est occupée par une dizaine de lyonnais! Je dévore! Pour une fois il y a de la raie (en friture) et aussi de la purée de fèves et du Krassi (vin) Aspro (blanc).

Le lendemain, mes amis suisses de VINARIUS, qui ont également changé leurs plans, accostent en fin d’après-midi. Eux aussi affectionnent les lieux sauvages épargnés par le gros du tourisme. Alors pourquoi ne pas rester un peu plus, aller marcher.. d’autant que le soir Panayiotis nous conseille une belle balade sous les chênes dans le nord-est de l’île?

      

       

    

4 heures de marche dans le vent sur les hauteurs; quatre heures de bonheur! La population de l’île, 150 personnes environ, est concentrée dans le port. Quelques fermes dispersées comme celle d’Odysseas et Antonia, qui arrêtent leur pick-up à notre hauteur quand nous redescendons; à l’arrière, des bidons de lait de brebis qu’ils apportent au bourg pour la fêta. Travail, vie rude, solitude, rêve d’une existence plus facile. Vue de notre côté gens bien vivants, lumineux et amicaux. Mais qui de nous supporterait leur mode de vie sur ces hauteurs, dans cette petite île au milieu de la mer Egée, malgré le Ferry, internet peut-être, et le soutien sympathique de cette petite communauté d’EVSTRATIOS?

Le soir à la taverna nous parlons avec Maria de l’île, des touristes, de l’école, des enfants. Seule taverna d’EVSTRATHIOS;  où il faut assurer pendant les mois de juillet-août, où les visiteurs stressés d’Athènes ou d’ailleurs auraient tendance à demander à ce petit territoire plus qu’il ne peut donner; et à repartir dès le lendemain… : “ah, il n’y a que ça à voir?..”. Tout le monde n’est pas à la retraite, tout le monde n’est pas disponible.

Aussi quand Maria nous demande ce que nous voulons manger et que nous lui répondons “ça dépend, qu’est-ce que vous avez?”, prend-elle le temps de nous parler un peu d’ici. En saison ça ne lui sera plus possible: les clients arrivent jusqu’à 23h et elle a quatre enfants.

 

(petit souvenir déposé par un inconnu, que nous trouvons au matin dans le cockpit de nos bateaux: des roses de jardin, divinement parfumées!)