DE L’AUTRE CÔTE

Pour aller vers les Sporades, il faut contourner la ‘tête’ de l’île d’Eubée. Parti de LOUTRA AIDHIPSOU vers l’Ouest vent arrière, j’ai bien cru en arrivant au cap (Acrotirio Lichard)  que le vent de Nord-Est allait virer Sud-Ouest pour nous pousser tranquillement vers l’Est, de l’autre côté, OREI et plus loin TRIKERI.

Mais il ne faut pas rêver. Quand le Nord-Est rentre plein pot dans  Diavlos Trikeri, les cargos eux-mêmes attendent des jours meilleurs pour traverser. Pour le franchir, soit on attend le vent du Sud, soit on remonte au près contre le Nord-Est s’il n’est pas trop  fort, pas trop Est.

Au cap, des courants dans tous les sens, un vent faiblissant … la vitesse du bateau proche de zéro, et .. le vent s’inverse pour de bon. Nous sommes bâbord amure. L’idée est d’aller le plus loin possible vers la mer Egée et de trouver un abri pour la nuit sur la côte continentale, moins exposée; et ça semble fonctionner pendant 2 ou 3 milles. Mais en face une ligne bleu-foncé apparaît avec des jolis moutons blancs à la surface qui défilent de droite à gauche,, et nous sommes obligés de dévier notre route  vers le nord (je rappelle qu’on ne peut pas avancer pile face au vent avec un voilier, ses voiles doivent recevoir le vent avec un certain un angle, autour de 45 degrés).

Qui plus est la moindre crique est occupée par une ferme piscicole, une usine à poissons; alors nous continuons, contre le vent, en nous aidant du moteur, jusqu’à GLYFA où je jette l’ancre. Village sympathique, gens gentils, taverne acceptable et nuit sans trop de houle (on n’est pas loin de lieux historiques comme le défilé des Thermopyles à l’Ouest, le golfe de Trikeri, où une partie de la flotte Perse fut décimée au mouillage dans un coup de Nord-Est, et le cap Artémision où furent trouvés les plus beaux bronzes antiques.

Le lendemain j’avais prévu de passer la nuit à OREI pour voir le taureau de marbre que des pêcheurs avaient trouvé au fond de l’eau, mais le vent nous permet de remonter à 7 noeuds en un seul bord jusqu’ à AGIA KYRIAKI sur la presqu’île de Trikeri.

 

 

Navigation de rêve, petit port magnifique, chemin empierré (par qui?..) jusqu’au village de TRIKERI sur les hauteurs, également très beau et avec une vue superbe. Même mon accostage cul-à-quai laborieux avec un vent de travers assez fort et l’arrivée d’une flottille de 6 bateaux (sur 7 places!) en soirée ne peuvent me faire descendre de mon petit nuage! S’il y a des journées bénies des Dieux qui vous enlèvent tout doute quant au sens d’un tel voyage … celle-ci en est une.

 

 

            ?

 

Petites galeries sans commentaires:

Allez, une petite dernière en redescendant… pour la route!

NORD D’EUBEE

 

 

 

Le pont est passé. Souvenir brouillon d’une dame grecque qui s’empare du canal 12 à 22h, qui parle aussi vite qu’une hôtesse de l’air, au point qu’il me faut un moment avant de  remarquer qu’elle est passée à l’anglais; l’accent, la voix, le débit sont les mêmes… Dix minutes avant c’est le calme, dix minutes après c’est la course. Heureusement que j’ai fait chauffer le moteur et remonté une partie du mouillage.

Bref tout ce petit monde (7 ou 8 bateaux lancés à 50m les uns des autres) fonce dans la nuit entre 6 et 8 noeuds et demi; c’est beaucoup; il y a du courant, dans le bon sens. Les gens nous regardent  de là-haut, prennent des photos.. J’aimerais en prendre quelques unes, ou une vidéo … mais là non. Il faut rester concentré. Parfois un équipier…

Et le mouillage un mille et demi plus loin. Dodo!

Le lendemain vents irréguliers, contraires, changeants en direction, faiblissants, forcissants… Essais divers pour rendre les manoeuvres moins compliquées, modifier le trajet des écoutes, les angles de tire, essayer de comprendre les priorités dans le vent fort, les réglages dans les petits airs… la voile, quoi.

Une escale pas vraiment choisie pour s’abriter du vent d’ouest qui se met à souffler fort… yacht futuriste d’un côté, à 112 mètres de nous (je mesure souvent au télémètre, histoire de vérifier que nous ne bougeons pas), bateau de pêche d’une ferme marine de l’autre, une chèvre, un chien, un garçonnet qui joue, dans le soir qui tombe …

Et puis une escale choisie pour ses douches chaudes naturelles qui se jettent dans la mer, LOUTRA AEDIPSOUS, très ancienne station balnéaire… des photos de ce joli lieu, très ouvert, qui me rappelle un peu SIMI mais avec le charme désuet des villes d’eaux en plus. Photos! :

Le genre d’endroit où l’on se sent en vacances, où l’on retrouve le temps long de l’enfance… Mais demain, que faisons-nous, avec ce vent de NE faible?…  Il nous  faut contourner la ‘tête’ de l’Eubée, aller à l’ouest, puis à l’Est, on ne l’aura pas avec nous dans les deux sens à moins d’attendre quelque part vers le golfe de Volos. Le tout avant le retour d’un régime de Nord fort tôt ou tard. Qui sait, on aura peut-être le temps de retourner aux sources avant de partir et dégonfler l’annexe, ça fait du bien;  même si l’eau de la mer autour n’est encore qu’à 19 ou 20 degrés

UN PONT DE 39M SUR L’EURIPE, ENTRE EUBEE ET BEOTIE…

                 

Des courants forts et capricieux avec un phénomène de seiche connu depuis l’antiquité, qui  défia après d’autres, toute la science d’Aristote.

Une arrivée un dimanche et l’attente de l’ouverture du pont à la nuit tombée pour ne pas bloquer l’intense circulation routière. Une grande ville: CHALKIDA, avec ses 60.000 habitants et ses tentations modernistes, mais une ville où l’on se sent respirer …

 


                                    

Hélas le pont devait ouvrir cette nuit, la météo était parfaite. Il n’ouvrira que mercredi,  d’ici là il peut s’en passer…

DE CAP SOUNION A ERETRIA, OUEST D’EUBEE – EVVIA

On a l’impression d’avancer, comme un escargot, on avance, comme un escargot… et pourtant quand veut mener son blog au rythme de ce chemin molluscule, on a du mal à étaler; la vie va plus vite.

PALAI-FOKAIA et ANAVYSSOU, stations balnéaires un peu quelconques, LAVRION, aussi grande que moche, occupée à 95% par des clônes de location, voiliers de plus en plus gros préparés pour la saison par des  employés qui n’ont pas l’air  bien joyeux. Toujours la tristesse et l’ennui auxquels on reconnaît la recherche exclusive du profit…

                  

Mais j’ai pu faire réparer le hors-bord de l’annexe dans la journée, et je vous souhaite la même réussite  dans le redémarrage de votre motoculteur aux beaux jours!

KARYSTOS  c’est le contraire. Petit port résolument grec, ouvert, où les gens sont sympas et semblent heureux de vivre, nombreux commerces dont trois poissonneries au centre du village! et j’y retrouve même des copains allemands rencontrés à Agia Marina.

                  

Un peu plus loin ce tout tout petit port improbable sur l’île de KAVALIANNI qui ne peut contenir plus de trois bateaux. Une énigme, cette île: de nombreuses routes goudronnées de 5 m de large, mais pas une voiture; de multiples arrivées d’eau et des poteaux électriques comme pour un lotissement, mais pas d’habitations à l’exception d’une maison sur les hauteurs qui semble  abandonnée au milieu du maquis, avec sa piscine (vide) mais sans aucune voie d’accès.

Dans le port un autre voilier, Taravel, appartenant à un couple de français charmants qui naviguent depuis longtemps.

 

Et enfin cap sur ERETRIA où nous allons nous faire coincer contre le quai par un vent du sud; puis du nord, violent, toute la nuit.

Une très belle rencontre que celle de ce compatriote qui habite ici, au bord de la baie, et qui est venu me voir, intrigué par Ponyo. Il  m’a invité à manger chez lui avec sa femme grecque dans leur maison de famille simple, chaleureuse et belle. “Tu veux te doucher?” “Tu as besoin de laver du linge?”… petites phrases auxquelles on reconnaît les gens qui ont bougé; qui se sont mélangés, qui ont du coeur … certains disent “Philoxenia”.

Alors pas de photos et discrétion … je n’en dirai pas plus. Mais après deux jours passés avec eux j’avais le sentiment de les avoir toujours connus. Et j’aimerais les revoir un jour à ERETRIA, jolie ville, et son joli petit musée…

Ce soir le vent  avait tourné, me permettant de quitter le quai sans souci, mais j’ai passé trop de temps à préparer le passage du pont de Chalkida et le vent est repassé sud; il faudra attendre demain pour partir. Mais quel sens de l’hospitalité  et quel bonheur d’avoir pu partager un moment avec ces personnes; de savoir qu’elles existent, ou simplement de pouvoir penser à elles quand parfois je me retrouverai un peu seul sur la mer.

“On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis”

CAP SOUNION: LE PATRON!

   

 

Le patron c’est POSEIDON, bien sûr, et son temple en impose, surtout quand on arrive en voilier sous des rafales irrégulières de vent du nord. On se sent … on se sent chez lui!  Et puis pour nous, pauvres petits yachts, sa puissance est tellement énorme qu’on peut bien se fendre d’une offrande!: un petit verre de “Diplomàtico”, par exemple.. un verre de Rhum plutôt qu’un potiri d’Ouzo… j’espère ne pas avoir commis une grossière erreur… diplomatique pour le coup!

   

 

Ne vous attendez pas à vous trouver seul cinq minutes avec le géant! Ou alors pas plus! Dès 9h30, “opening hour”, il y avait déjà deux bus de seniors “en atelier archéo”  (pourquoi venir en troupeau à la première heure pour être seuls à soixante dix, on se demande..?). Heureusement un des bus repartait en ayant vu le temple de loin depuis la buvette. Et les gens du second ne couraient pas vite. Cinq minutes peut-être, oui,  pour visiter un lieu sacré. Après … ça ou un aéroport …

Une jolie grecque me disait (en anglais!)  que c’était le deuxième site le plus visité après l’Acropole. Le temple d’Aphea, lui, situé sur une île, n’est pas aussi accessible.

Temple de Poséidon et dernier ‘sommet’ du triangle sacré; fortifié tout autour. Temple mais aussi gardien de la très puissante et sourcilleuse Athènes.

   

          

Un dernier temple, promis – je ne m’en lasse pas – après je retourne à la vie de marin:

Eubée (Evvia) côte Ouest,  ou Eubée côte  Est?..   Skyros puis les Sporades, ou le contraire?

Tout dépendra du vent, la côte Est exposée au Meltem (Nord) offre très peu d’abris quand il souffle… mais on annonce du Sud pour plusieurs jours!

RENDEZ-VOUS CHEZ APHAIA

Aphaïa, Afea, Britomartis… la belle nymphe amie d’Artemis que celle-ci dut rendre invisible pour la soustraire à la lubricité de Minos,  et puis de pêcheurs… plus de 25 siècles avant Me Too.

   

   

 

Le temple est ouvert cette fois, et il est très harmonieux, et érigé dans un lieu particulièrement beau qui incite à la contemplation; d’ailleurs il y a un monastère pas très loin du site. Je dirais qu’il possède une partie de la majesté du Parthénon, quand ce dernier lui  emprunte une part de sa grâce. Les photos le montrent souvent injustement dégingandé.

J’y suis resté deux heures. Profitant de l’ouverture pour faire quelques photos avant l’arrivée toujours possible de barbares ‘dyschromiques’ pratiquant l’art noble du selfie à peine extraits de leur taxi. Puis j’ai regardé les yeux débarrassés du souci de l’image le reste du temps.

Pur bonheur. Et redescente légère vers Agia Marina.

Beaucoup de constructions rapidement construites à la même époque, vides, à louer, inachevées qui rappellent certains  gâchis espagnols.

Le moche ne dure pas. Pensée réconfortante bien qu’un peu incertaine.

 

UN MOIS CHEZ KANONIS

 

Kanonis Boatyard, sur la côte nord d’Egine, entre Aegina-ville côte ouest, et Agia Marina (Afaia) côte est.

 

Autant dire au milieu de nulle part. Je ne regrette pas le temps passé à avoir essayé d’envoyer un mini-vélo pliant électrique en Grèce. Impossible par avion ( batterie au lithium, risque d’explosion). Petit modèle de chez Eovolt, 17kgs, la différence entre  le confinement et la liberté, et l’occasion de pratiquer un peu d’exercice quotidien …

 

– La première semaine je l’ai passée ici:

à l’ Hôtel PLAZA,

hôtel familial à l’accueil exceptionnel. Le papa Salvatore est grec, la maman est suédoise, le fils Yannis est juste adorable. Plus le frère, que je n’ai fait qu’entrevoir, et le tonton Makis, qui tient la Taverna attenante à l’hôtel.

Gens attachants qui vous donnent le sentiment de faire un peu partie de la famille, d’être là pour vous, et vous reçoivent avec autant de talent que de gentillesse, pour que vous gardiez le meilleur souvenir d’Egine.

Salvatore le papa, ‘a good men’ …

 

 

 

 

 

 

 

… Yannis, un de ses fils, ‘a nice guy’! ..

 

.. et de l’autre côté de la rue,  la mer…

C’est reposant quand on arrive seul, dans un chantier qu’on ne connaît pas, que les travaux ne sont pas terminés pour une histoire de conflit de voisinage façon Corse, et surtout qu’on n’a aucune idée de la date où le bateau reviendra sur l’eau! Car on n’est pas tout à fait en pays cartésien ici. On est …  ici !

Disons pour faire court que tout s’est bien terminé, la coque refaite entièrement, très jolie et bien polie au-dessus de l’eau, à un coût raisonnable, et qu’on s’est bien occupé de mon bateau. Y compris du moteur.

A moi de me débrouiller pour trouver un endroit où manger, dormir, faire les courses, trouver des fournitures nautiques… En Grèce, pays de la philoxenia (qui n’est pas une maladie de la vigne!) vous aurez parfois l’impression que les gens, comme on dit à Marseille, “ne vous calculent pas”. Qu’il y  une sorte de seuil à franchir. Un laconisme teinté de défiance, d’indifférence ou d’hostilité, selon votre degré de paranoïa.

C’est souvent faux. Quelque temps après on s’étonne de découvrir un autre visage, une figure amicale. Le fonctionnement, les codes  déroutent parce que différents. Nous les interprétons avec nos outils habituels, pas toujours adaptés au contexte.

Après un mois passé ici le père, Jordan, s’avère un type bien. Un des derniers jours j’essaie d’obtenir des précisions d’importance par rapport au paiement, au descriptif figurant sur la facture. C’est Antonis le fils qui fait la paperasse, tout ça. C’est lui qui m’a refait le franc-bord si bien poli de Ponyo; ça lui plaisait; en-dessous le travail est un peu moins rigoureux  . Les papiers, en bon artisan, c’est toujours demain. Le père pèle une orange en ayant l’air de ne pas s’intéresser à ce que je lui demande, qu’Antony devrait avoir fait . Il est sur “off”. S’étonne d’un truc dont on a parlé la veille au soir. Puis il me tend son orange et me dit “prends, c’est pour toi; elle vient de mon jardin”. Je n’en accepte que la moitié. Elle est délicieuse. Puis il appelle son fils au téléphone.

Les choses se font. Mais à vous de comprendre comment marche la machine à laver, quand/ pourquoi/ par qui vos colis ont été livrés ou pas, de trouver le code de la porte des sanitaires, deviner ce qu’ils peuvent faire au chantier ou ne font pas etc.. Vous ne savez jamais. Les choses se font mais pas dans le contrôle; encore moins dans l’anticipation. Et je partirai avec la promesse que la facture me parviendra par email.

On me met à l’eau en fin d’après-midi. J’aurais préféré en début. Evidemment le moteur ne démarre pas. Lucas le mécano va chercher ses outils. Une pièce semble défectueuse. Tout est fermé. Le vent doit passer nord. Le moindre souffle lève une houle intenable dans la darse peu profonde. Pas question de passer la nuit là. Heureusement Lucas arrive à réparer. C’est un bon. Il est presque six heures et demie; il reste pour m’aider à partir, il n’y a plus personne. Un chic type ce Lucas. Mais c’est raté pour la petite reprise au portant tranquille. J’arrive à Agia Marina à 21 heures. 21h30 le temps de plier. Taverna.

 

 

– Quelques endroits d’Aegina-ville:

‘Marmarinos’:

  Dimitri et Spiros   

Shipchandler-droguerie-caverne d’Ali Baba: quoi que vous cherchiez ils se débrouillent pour trouver! Certains trouvent trop cher. Moi j’ai bien aimé l’ambiance, à mille lieux de nos catalogues par correspondance. On peut aussi aller au ‘Marine supplies’, non loin de chez Kanonis, à environ 500m du chantier dans la direction opposée à celle d’Aegina.

 

‘Psarotaverna’: (de psaros, poisson)

 

 

 

 

 

Juste dans le prolongement du marché à poissons.

 

 

C’est bon, c’est sympa, surtout hors saison. Et c’est un peu pour moi la Taverne idéale. Sur le port c’est assez moyen; évidemment je n’ai pas tout testé!

Sans oublier ‘Tis Boulas’ , petit “take away” (à emporter) dans la rue principale: juste le meilleur rapport qualité-prix d’Aegina

ATHENES-2

                                                                             L’ Agora, l’Héphaïston,  le Musée de La Stoa d’Attale…

Je n’ai pas pris beaucoup de photos d’Athènes, seulement les quartiers chics autour des lieux fréquentés. La vie est ailleurs.

Quartiers commerçants  et populaires, rues moins entretenues, étalage de marchandises en tout genre, ambiance orientale… Mais surtout une grande diversité de lieux, de quartiers, de visages… échappant au formatage-lissage de notre Europe de l’Ouest, où chacun semble avoir une place, bonne ou mauvaise.

(Porte d’Hadrien, bas de l’Acropole, Héphaïston)

La Stoa, immense bâtiment reconstruit par la fondation Rockefeller abrite un musée avec de très belles oeuvres:

           

           

La liberté de ces dessins,  des détails,  des poses …

 

               

… quel dommage que cette belle Aphrodite ait perdu la tête!

 

                                                                       Le Musée Archéologique d’Athènes:

Ou comment choisir parmi tant de merveilles?

 

 

       

(Ménade endormie depuis Hadrien (117-138) statue aussi merveilleuse que méconnue)

        

 

                 

 

                       

 

(Aphrodite une sandale à la main)                                                                                              (un philosophe)

          

( . . . )  La tentation est grande de rester là-haut, mais Ponyo m’attend à Egine. Dans quel état: mystère! Alors redescendons!!! …

 

   

… j’ai réservé une chambre à l’hôtel PLAZA, face à la mer, royal! Et ce sont des gens tout à fait charmants, reposants, gentils… Vous savez quoi?: la beauté épuise!

ATHENES-1

Hiver clément en Occitanie.

Retour à Egine via Athènes, THE capitale… J’ai failli la snober mais je ne l’ai pas fait et c’est mieux ainsi. Certes je n’aime guère la ville, et celle-ci est l’une des plus touristique qui soit, même en février. J’avais aussi une sorte de “présomption d’arrogance” à l’égard d’une cité qui n’a pas hésité par le passé à raser sa voisine, Egine, quand celle-ci lui fit de l’ombre… Mais je n’étais pas là et c’est quand même Athènes!

 

L’ ACROPOLE :

Taxi jaune à 10 euros, chauffeur local en mode course.  Huit heures à l’ouverture, déjà un peu de monde; mais supportable.

 

On s’y attend.  On croit connaître.

On n’est qu’un gamin, un insecte. Le site est fabuleux, unique. Le Parthénon est gigantesque et d’une élégance extraordinaire. Même en travaux il vous écrase, il ne rentre pas dans l’IPhone.  On ne peut pas dire qu’il vous nargue, non  … On n’est juste pas du même monde.

En Grèce il y a très longtemps, avant les romains, avant les américains…  il a existé un étage intermédiaire entre les Dieux et les hommes.

C’est le miracle Grec.

 

Un miracle qu’il n’est pas facile de saisir et encore moins de restituer avec des photographies de touriste …

              

                                 

… même bien intentionnées; rien à faire: il faut venir sur place avec ses yeux, du temps, du beau temps, aux aurores, hors saison ….

 

 

 

Une deuxième chance avec les Caryatides, peut-être? …

                 

Une troisième avec les alentours…  Chacun la tente  à sa façon:

                

.                                                                                                     

Après tout il n’y a pas que la pierre dans la vie!

Demain choix douloureux: musée de l’Acropole ou musée national d’archéologie? …  Ce sera le second et pour le plus grand bonheur!

 

 

RETROUVER EGINE…

      

(Pistachiers et pistaches … spécialité d’Egine)

(Le grand bleu… non ça c’est plutôt du côté d’Amargos qu’il faut le chercher;

.. mais si vous avez de la chance, vous distinguerez peut-être la silhouette du Petit Prince dans ce champ de bleuets, la photo a été prise à Hydra)

Allons.. Cessons de tourner autour du pot! il nous faut rentrer maintenant,

laisser Ponyo sur la côte nord d’Egine, dans ce chantier qui parait-il fait du bon travail  sur le polyester.

        

(Entrée à reculons dans la darse des Kanonis .. pas très large,  surtout avec un vent travers arrière)

 

Je voudrais faire refaire le gel-coat (enveloppe extérieure) de la coque avant le printemps; enveloppe que j’ai trouvée trop fine lors du dernier carénage même si le support est sain et sans trace d’osmose (maladie de la résine avec  présence d’eau).

Ambiance “brut de décoffrage”, chantier éloigné de tout, zéro information … “qu’on est loin, qu’on est loin des amours de loin”… Pourtant j’ai plutôt confiance.  Je ne m’attends pas à ce que l’on me saute au cou; pas l’impression que ce soit dans la culture des îles grecques; ni d’aucune île d’ailleurs. Les gens vont et viennent.

Kanonis. Chantier familial, le grand-père, le fils, aujourd’hui le petit-fils … Je les vois faire, caler le bateau avec des poteaux ronds et des coins de bois enfoncés à la massette, directement sur la terre battue. Je ne peux m’empêcher de penser qu’avec le réchauffement climatique, une grosse pluie suivie d’un peu de vent …

Bref je loue un vélo et je retrouve Egine, la ville, toujours bien séduisante, quand même un peu petite, avec ce temps plus gris,  des magasins fermés… mais le musée ouvert et le site archéo aussi.

   

Alors, la Grèce. Rêve ou réalité? Quid en fait du tourisme?…

Le tourisme est partout; Grèce, pôles, déserts… On en a besoin, on le subit, on le maudit; il rend la vie insulaire moins routinière, plus enjouée, superficielle, et un peu fausse.. Où placer le curseur entre l’authentique et le folklorique? Visiteur et visité finissent par ne faire plus qu’un, chacun pris au piège d’un rêve vain qui l’appauvrit en lui faisant croire le contraire. Pourtant que faire quand on est un petit village face à une telle demande de mythe, de soleil et d’ailleurs, à part laisser rêver, ou fabriquer du rêve?

Comment pour se préserver ne pas être tenté d’ériger entre soi et l’autre cette barrière invisible, cette distance; comment lorsque l’on est touriste continuer à croire à ce paradis vidé de sa substance par le nombre, balisé, démystifié, et tellement photographié qu’il en devient insaisissable?..

Surtout, entre les deux, quelle place pour le voyageur?

Parler la langue. Passer du temps. Payer pour voir. Le nomade n’a jamais été le bienvenu: en groupe il inquiète. Solitaire il n’existe pas. Le voyage pose les questions. La réponse?… “the answer my friend is blowing in the wind”…  je ne suis pas sûr qu’on tienne tant que ça à l’entendre!

Elle est pourtant bien là, dans le rythme même des cloches qui chez nous résonnent comme une exhortation, mais ici  comme une véritable injonction . Elle est multiple. Elle se cache et se révèle un peu partout; jamais beaucoup à la fois.

Ici. Là-bas sans doute,  partout sous le ciel immense, sur cette “Terre qui est quelquefois si jolie”…

‘Toujours un peu plus loin’