DE CHOSES ET D’AUTRES (2)

D’EPHIMIA AU DELTA DE L’ACHELOOS…

D’EPHIMIA (photos de l’orage) au port de SAMI au sud, de l’autre côté de la baie, il n’y a que quelques milles; quelques années, surtout. On ne peut pas dire ville ancienne et ville nouvelle, car depuis le tremblement de terre de 1953 les “villes anciennes” se comptent sur les doigts de la main.

                    (Maniphifico …)                                            

 

Le site de SAMI est magnifique; un balcon sur la mer, les îles, l’éternité… Seulement…  c’est avant tout un balcon pour capter l’argent du tourisme: ferries, grande marina sécurisante pouvant accueillir les flottilles, armada de restaurants de bords de plage avec menus en anglais traduits en grec (humour)… Je me suis donc mis au mouillage.

 

Il y a d’autres raisons à cela; d’abord je ne maîtrise toujours pas l’amarrage “cul à quai” :  lorsqu’on est seul, mouiller son ancre devant, reculer dans l’axe en gérant le vent, le déroulement de la chaîne, stopper à bonne distance, envoyer les amarres arrières  à quai, reprendre de la longueur au guindeau… Que la chaîne se coince, que l’ancre ne croche pas, que le bateau soit déporté en marche arrière, ou qu’il n’y ait personne pour attraper  mes aussières… je fais quoi?

Ensuite, une certaine distance de la côte vous protège du bruit, et le départ sur ancre est immédiat: on remonte l’annexe, parfois aussi le moteur hors-bord (mais les rames permettent de faire un peu d’exercice) … et on s’en va.

Une belle taverna à 2 milles nautiques à l’ouest en annexe, une bonne nuit de sommeil …  Sami est déjà oublié.

Mais je suis tellement las de cette faune touristique aseptisée que je décide d’aller à Astakos, complètement à l’Est, sur le continent, port réputé situé en-dehors de l’autoroute Lefkas-Patras, avec quand même un mouillage intermédiaire à Ormos Pera Pigadia au sud-est d’Ithaque.

 

 

 

(une ferme marine à l’entrée du golfe)

 

 

 

ASTAKOS:

Merci à ce port charmant, tranquille, à l’ambiance familiale (tout au moins en septembre), d’avoir su rester si résolument grec,  sans pour autant ressembler à un musée. Petite station à l’ancienne, certes  mais offrant une place à tous, vacanciers, locaux,  baigneurs, pêcheurs…   pour la ‘saison’ et pour la vie de tous les jours.

Preuve que la Grèce n’est pas forcée de vendre son âme à un certain tourisme (mais à quels grecs profite-t-il?)

Cela dit les prix ont carrément flambé dans tous les secteurs depuis une demi-douzaine d’années et les grecs ont du mal à s’en sortir;  la traditionnelle “philoxenia” (accueil de l’étranger) cédant peu à peu le pas au principe de réalité.

PETALAS: “l’essentiel est invisible pour les yeux”

Seul au monde. Paysage de zone humide immense; fermes marines; fond boueux, biodiversité, balade à pied sur la colline, poiriers sauvages (merci Laurie), terrains karstiques couverts de sauges boudée par le bétail et paysages d’îles et de plaines cultivées à perte de vue.

(Vue sur la zone humide du delta de l’Achiloos)

Le bonheur. Quand la vue se perd dans la lumière du soir, qu’aucun impératif ne vous impose de rentrer à un moment précis; que le bateau vous attend, en contrebas, sagement…

Ce bonheur- là, cette paix profonde d’être là, n’est pas immédiate et s’apprend, peu à peu. Dans l’agitation de la vie, que j’ai bien connue, rien ne vous y prépare. Il faut toujours qu’on manque ou qu’on aie peur de quelque chose. C’est le cadre social, qui vous dicte vos déplacements, vos obligations, vos comportements, vos désirs et vos satisfactions. Conditionnement ô combien profond. La plupart d’entre nous ne connaîtront pas autre chose, tant est éradiqué dès le plus jeune âge tout désir de ‘planer’, dans la salle de classe comme sur la route, et le cerveau sans cesse stimulé, publicités, musiques, information, circulation, medias…

 

 

 

 

C’est ce que bon nombre de marins exportent malgré eux partout où ils passent.

 

Il faut des lieux sans hommes pour se laver la tête, pour retrouver l’essentiel, pour se retrouver.

 

Aussi le voyage, tout voyage est-il d’abord un voyage intérieur. Ce qui le différencie  du tourisme.

“On”.. (qui se fait l’avocat du diable!) .. me dit que l’évolution actuelle du monde serait inévitable, que les générations futures ne souffriraient pas de l’absence d’un monde qu’elles n’ont pas connu, qu’il ne sert à rien de vivre dans le passé et de vouloir retrouver une Grèce qui n’existe plus. J’entends bien… et personne ne fera revenir les indiens d’Amérique, le foisonnement  animalier qu’on trouve dans les premiers  “Tarzan”, ni le tigre de Tasmanie … D’ailleurs le ‘dodo’ (raphus cucullatus) nous manque-t-il ‘vraiment ‘?

Mais qu’ont fait toutes les générations qui nous ont précédé(e)s à part nous transmettre des valeurs, de Cervantes à Victor Hugo ou Dickens,  d’Hugo Pratt à Miyazaki,  François Bourgeon, ou Benjamin Flao,  de l’Usage du monde à l’Eté grec en passant  par Alexandra David Néel , Joséphine Baker, JRR Tolkien ou même JK Rowling?…

Militer contre la laideur.

La magie est partout.