Deux fois empêchés par les Dieux de nous rendre à Amorgos en fin de saison dernière, c’est devenu une destination prioritaire. Nous mouillerons dans le sud de RENEIA, où nous trouverons de l’eau dans le bas des collines et un mouillage sauvage dans une crique bleue charmante;
(nids de pies grecques dans un mûrier)
car DELOS, est fermée le dimanche de Pâques … et les abords sont bien gardés…
…puis nous irons à DONOUSSA pour couper l’étape en deux, vent idéal travers 12 knts, navigation heureuse …
… et enfin nous partirons le matin suivant à 7 heures, prêts à rejoindre les amis suisses Chantal et Markus à Amorgos : bateau rangé, préparé pour un mouillage impeccable cul-à-quai avant midi; 3 heures de moteur, vent absent. Il ne peut rien nous arriver: le Perkins vient d’être révisé, on est au portant, je suis attendu …
Mais à mi-parcours environ le moteur s’emballe tout seul sans raison. Je réduis les gaz, 3 noeuds.. j’accélère à nouveau, pareil! J’ouvre le capot moteur intérieur, tripote le câble d’accélération, arrive à gagner 1 noeud, mais comme je n’ai pas envie de faire attendre j’essaye de raccourcir le bout qui maintient la manette des gaz en position pour taquiner les 5 noeuds … Et là patatras! : le moteur s’emballe à fond, refuse de baisser en régime, et je suis obligé de le priver d’air au fitre à air en catastrophe pour l’arrêter, bouillant, alarme de température d’huile déclenchée. Merci au mécanicien de Mytilène qui m’avait montré le truc!
Coup de fil aux amis suisses pour les prévenir que je gonfle l’annexe et la mets à l’eau avec son moteur pour pousser le bateau, quelques tâtonnements mais pas trop, et Ponyo file son noeud et demi, bientôt aidé par un peu de vent dans le génois. Nous ne sommes qu’à trois milles nautiques.
‘Unfortunatly’ les coast-gards signalent l’arrivée imminente d’un très grand ferry qui va ‘bloquer toute la baie’. Je dois être arrivé avant une demi-heure ou rester dehors dans une anse assez loin au nord-ouest … mais où est donc cette p. d’anse?? .. ça y est je la vois! Il va falloir mouiller dans un endroit étroit et profond, sans pouvoir se reprendre, tandis qu’un vent de terre qui se lève m’oblige à être moitié dans l’annexe, moitié dans le cockpit du bateau, le pilote ne parvenant pas à conserver le cap.
Mais ça fonctionne. L’ancre descend dans 8 mètres et tient. Un quart d’heure après un bateau de pêche envoyé par les coast-guards est là pour me remorquer. Je demande le prix. 50 euros, ça va. Seul j’aurais attendu le lendemain après le départ du ferry pour ramener mon boat. Mais bon le vent peut changer, et le hors-board ne fait que 2,5 CV…
(Nikitas, fils de Yannis; je lui ai demandé de sourire pour les jeunes filles de France!)
Une demi-heure après je suis à quai. La police est compréhensive mais depuis Tinos je me méfie. Ils ne me prennent pas mes papiers … pour la raison que “le mode de propulsion principal sur un voilier n’est pas le moteur mais la voile”… il faudra quand même qu’un mécanicien local certifie que l’avarie ‘is fixed’ (réparée).
Alors on fera du tourisme plus tard. Markus qui a été mécanicien penche pour un problème de contrainte dans le trajet du câble d’embrayage, ce qui expliquerait que le moteur s’emballe “à vide” sans être ralenti par l’hélice… à suivre! Demain c’est la St Georges, personne ne travaille.
Un charmant couple d’anglais rencontré à Donoussa m’informe qu’un mécanicien se trouve en ce moment à bord du voilier de leurs voisins; c’est bon, il viendra voir Ponyo demain, merci Sally! .. et quel beau bateau que leur Grand Soleil!
(toutes premières photos d’Amorgos sous un ciel assez sombre)
Je vais enfin pouvoir profiter des amis suisses, le temps file si vite, surtout pour les non-européens qui ont une durée de séjour limitée. Combien d’années pourrons-nous encore vivre cette vie de liberté qui n’existe plus que là en Méditerranée; ports saturés de gens qui ne voyagent jamais, loueurs, ou marinas qui n’ont aucune scrupule à facturer 200 euros par nuit ou plus à des yachts de 12 mètres: Italie, Croatie, Turquie, France, Espagne … ne parlons pas de ce qui fâche.
De nos jours pour être heureux il faut être sourd, aveugle, et muet comme les trois petits singes de la sagesse!
Et ne pas trop avoir la bougeotte! La liberté de se déplacer est menacée depuis que le premier paysan a mis une clôture autour de sa pâture ou de son champ d’avoine. Les sédentaires en ont à présent après le nomades des mers.