J’ai pris du retard. Pas en navigation, rien ne presse… Mais le blog. Ecrire les articles après coup les transforme en événements digérés, ça leur donne un goût de compote… on y perd celui de la pomme. Et ça prend plus de temps.
LEROS PAR L’EST :
Pas fâché de quitter Plofoutis, de descendre jusqu’à PANTELI, joli port au pied du fort, fermé cette fois encore. Tant pis. Je dors à “Paradisos”, vaste mouillage en face d’un restaurant à côté d’une zone de bouées. Pas envie de port; pas envie de bouées; pas envie qu’on me balise la vie sous prétexte de me la faciliter.
Le lendemain je lève l’ancre avec la légèreté que donne l’indépendance en direction du sud de Léros,
Pas trop de vent; sous génois seul je longe la côte jusqu’à une énorme carrière. A côté un mur de pierres extraites visiblement de là qui semblent petites vues de loin. Le mur maintient un tas d’ordures de 10m, sans doute plus. L’éternel problème: que faire de nos déchets?
Derrière, ouverte au sud, la baie de XIROKAMPOS, lumineuse et paisible; un pur bonheur après ces nuits inquiètes dans le vent fort: je reconnais certains bateaux aperçus à Lakki. Je me coule dans une indolence d’un autre temps. Un temps au ralenti. Sur la plage l’aubergiste fixe avec du mortier des tuyaux de PVC de 100 pour y installer des parasols en paille, déjà à poste le lendemain matin, aidé d’un couple de ‘guests’ adorables qui motivent un groupe de tout jeunes gamins pour récolter les déchets sur la plage, les amener à la poubelle. Ils leur offrent une glace ou une boisson pour les remercier, les gosses sont aux anges. La paix tient à pas grand chose. Des gens heureux. Des gens bons. Les gens mauvais sont-ils heureux?
C’est le genre de lieux, comme Lakki, où l’on peut vite se dissoudre, prendre ses habitudes, nouer des relations, exister… Sûrement passer d’agréables vacances. Mais on annonce des vents forts, de sud, encore. Et l’on part tôt, moteur et voile, en direction de KOS; Kalymnos de m’attire pas.
Oui mais voilà: le moteur refait des siennes, mêmes symptômes qu’à Amorgos. Direction ce grand port de Kalymnos à trois noeuds.
Je les ai contactés il y a une heure; deux ou trois marineros m’attendent. Il ne reste que deux places. Le moteur tient, mais me fait encore avancer à deux noeuds au neutre dans le port alors que l’hélice ne devrait pas tourner; pratique pour accoster!… D’autant qu’une demi-douzaine de crétins-de-location me doublent dans les derniers 100 mètres! Pourquoi? : par impatience? par peur que je leur pique deux places? parce qu’il leur sera plus facile de ranger leur gros bateau? par habitude? par bêtise? Ils sont six et je suis tout seul, avec un moteur ‘bipolaire’. Je leur fais un ‘pouce’ (bravo!), avec la main droite et me concentre sur ma manoeuvre. Deux gars prennent la ligne pour 5 euros… Le confort!
Le soir même j’ai la visite de Michalis le mécanicien.
Il ne parle que grec. Il comprend tout. Les accélérations spontanées, les deux noeuds au point mort, la fuite dans la cale quand je lui ouvre le compartiment moteur. Il dévisse le préfiltre et le filtre gasoil ‘changés’ à Egine: ils sont pleins de ‘fongus’, des micro-organismes qui se développent dans le fuel. Bouchés de chez bouchés! Filtres changés il redémarre le moteur sans même l’avoir désamorcé. Tout fonctionne. “Le moteur va bien ? ” Il fait oui de la tête, “kala!”
80% des moteurs des pêcheurs sont des Perkins des années 70-80. Il me montre comment vérifier la présence d’eau dans le préfiltre (“tous les 5 jours au début”). Puis se lève. “je te dois combien?” “60”. Les bras m’en tombent. J’en toucherai deux mots à mon garagiste en rentrant. “tiens, 70!.. et surtout merci”. Un ennui de moins. Il existe encore des endroits où un marin n’est pas a priori un américain. Le mécanicien pourrait gagner quatre ou cinq fois cette somme sans que le skipper s’en offusque: je suis gros, riche, incompétent, mon temps est précieux et je paye!; sans oublier d’indiquer en commentaire sur Navily que cette escale a été “fantastic”… que peut-on dire à ces gens-là?
KALYMNOS :
La nature a horreur du vide! Le lendemain je loue une voiture: aujourd’hui mon dos a mon âge … Mais je n’ai pas pris assez d’espèces. Le loueur me dit qu’il y a un distributeur de billets ATM à 10 mètres. STOP!… NE – FAITES – JAMAIS – CA !!
Les billets sont sortis, mais pas la carte! Je revis le cauchemar de Mytilini!
Allez.. Je ne vais pas vous embêter avec ça. Il est 14h, la voiture est louée pour la journée. Allons visiter Kalymnos… la différente!