C’est vrai qu’elle est belle cette île. Après Kardamyla tout au nord, qui n’est pas représentative, je descends la côte Est vers KIOS la capitale, que j’écris avec un ‘K’ comme on le trouve parfois, histoire de distinguer la ville, et l’île. J’ai repéré une marina en voie d’achèvement depuis de nombreux mois, en gestion provisoire et surtout gratuite, ce qui n’est pas exceptionnel en Grèce, contrairement à nos pays d’Harpagonautes. Et ce n’est pas neutre quand on se cache d’un gros vent pendant 10 jours, ou simplement qu’on veut visiter une île sans courir.
Il y a donc du monde, une certaine anarchie dans l’occupation des places, et un seul créneau étroit tout au bout du quai principal. J’ai tout préparé, l’ancre, une aussière pour sauter à terre… mais le vent souffle bien depuis le quai, je ne rentrerai pas (il y a un gros gonflable noir contre le mur absent sur la photo). “Vous êtes tout seul? Attendez, on arrive!” … et Bernie tire mon étrave tandis que Karen maintient la poupe avec force et habileté, une suissesse et un français qui viennent d’Australie. Sans eux je repartais. Parfois le ciel vous envoie un émissaire ailé!
Echanges de parcours de vie. Souvent les gens qui voyagent ressentent la différence comme une richesse plutôt que comme une menace. Mais le temps de s’installer ils sont déjà partis.
Alors je loue un scooter 3 jours pour visiter Chios: le sud et le musée du ‘Mastic’, puis le nord-ouest et enfin le nord-est.
– LE MASTIC : encore un beau musée, sur les différentes étapes de la culture de l’arbre, de sa plantation à son griffage qui rappelle celui du pin des landes, puis son tri, lavage, séchage… qui ont fait la fortune de CHIOS depuis le XIVème siècle sous des dominations diverses. Culture très encadrée à travers les âges. Le musée témoigne de la vie quotidienne rythmée par les saisons autour de cette culture.
–PYRGI : des maisons à la décoration typique. Ce n’est pas grand mais on peut mettre un certain temps à retrouver son scooter…
-MEDRA ; un entrelac de passages moyen-âgeux étroits
Le nord est plutôt aride. Deux routes en boucle contournent les montagnes.L’une à l’ouest, l’autre à l’Est. A l’ouest je suis quasiment seul à circuler
.AGIA GALA ; un si joli petit village, une grotte, des photos du ‘chorio’ dans les années 50-60, et de l’eau courante sous les platanes. Un accueil très charmant par les dames du village qui conversent en haut sur la place sous un arbre magnifique, et qui ferait une très jolie photo. Je leur demande mais elles préfèrent ne pas être immortalisées!
Je redescends saoûl d’air et de ce bleu étourdissant que j’aime à la folie!
La boucle Est m’a moins plu. Même si l’on trouve sur la côte une succession de jolies plages familiales qui rappellent qu’on est en août, sans que cela ne soit pesant.
Alors que faire?: rester à Chios, en faire le tour? .. Partir pour Samos au risque d’être horripilé par le monde, les mouillages bondés, les flottilles, les discothèques?.. Remonter sur Lesbos et ralentir, ralentir, en prévoyant un itinéraire et l’hivernage?…
… ça devrait pouvoir attendre demain. Et ça fait rire le copain Georges, sur son 50 pieds, qui connaît le quartier (Psara, Lesbos, Inoussès, Chios..) comme sa poche depuis le temps qu’il le sillonne.
“Y’a plus que dans ce coin qu’on est un peu tranquille. Samos? C’est un autre monde, tu verras.
– mais en septembre??
– en septembre c’est pire, il y a davantage de monde parce que tous les charters font des prix”. Chez le marin l’optimisme n’est pas une qualité.
C’est une condition sine qua non.