Perdre du temps avant de descendre dans le sud, retrouver le bruit, l’agitation, le manque de place, l’été… Tout est bon pour traîner autour de Lesbos, grande, peu fréquentée, desservie par sa situation un peu nord, mais surtout sa réputation d’ ‘ île aux migrants ‘.
Avec Ali on avait longé le camp, ou un camp; baraquements et murs blancs sur la route de Molivos; juste à côté du plus gros Lidl de l’île. Malaise.
A Mythylène il y a une famille nombreuse de gitans qui font la manche; femmes enceintes, gamins; ils passent toute la journée à sillonner les terrasses des cafés. J’ai compté 11 passages à ma table; la dernière n’avait pas trois ans. C’est triste mais pas en proportion de ces gens parqués dont certains deviennent fous d’attendre un temps indéfini. On peut tous attendre si l’on sait que cette attente prendra fin.
Points d’observations sur les hauteurs, patrouille des coasts-guards. La Grèce fait le job pour l’Europe, espace de démocratie… N’empêche.
Je m’étais promis de remonter les deux golfes. D’aller voir SKALA LOUTRON et de poursuivre après vers le nord. Mais le vent ne se calme pas. J’y arrive en tirant des bords à la loyale, sans le moteur, le chenal est un peu étroit pour louvoyer mais j’ai un ris dans la grand-voile et le génois, réduit, passe assez bien dans les virements.
Malgré sa bonne réputation je trouve le coin décevant; mouillage très sûr, mais rafaleux, eau trouble, gens peu accueillants. Parti pour rejoindre la petite chapelle qui domine la baie à l’Est j’en suis dissuadé par les chiens. Le village de LOUTRA qu’on aperçoit à deux kilomètres offre peu de points de vue publics sur la mer. Des oliviers vieux et beaux mais grillagés, une campagne un peu monotone… Et surtout ces rafales qui finissent par m’user la cervelle. Adieu la Skala.
Allons voir ces Thermes tout en haut, malgré le vent, rien n’est plus mauvais pour l’esprit que de poireauter en plein soleil sans même s’offrir un petit plouf.
THERMA : 1 ris toujours, 20 noeuds, rafales à 25-26-28… le bateau marche comme un avion. Je croise Ignacio mon voisin chilien parti un peu avant qui s’en retourne plein pot vent arrière.
Mais le golfe s’évase et la progression contre le vent est plus facile. Je suis peut-être un peu trop voilé mais il nous suffit de nous rapprocher de la côte pour le voir mollir sans avoir à prendre le deuxième ris.
Tout en haut baie immense, devant les thermes, un seul bateau à l’ancre, et une mer plate comme chez nous par temps de tramontane.
Là encore eau propre mais trouble; la possibilité de se rafraîchir même si l’image des méduses sur Navily me trotte dans la tête. Et puis il y a les Thermes, un peu plus loin une taverna sous les arbres où les gens sont gentils, et surtout une piscine d’eau thermale chaude à la température idéale, avec un spa face à la baie, en général squatté par des buveurs de drinks en pleine séance de décontraction (“Osez la Grèce!” ) et même des massages… et là je tombe sur une Jocelyne venue de République Dominicaine, compétente autant que solaire qui me remet le dos à l’endroit et qui me parle en espagnol… Ce n’est pas si fréquent mais… je dirai que se faire du bien … ça fait parfois vraiment du bien!!
(le spa, à droite, eau thermale à 39 degrés)
(on distingue une petite tache moche sur la photo du milieu… mais en fait si on zoome c’est un très joli papillon flashé en plein vol… à moins que ce ne soit un nouveau genre de mini drone?… )
Bref …
…. nous avons pris les eaux!
Quand même une photo prise à la taverna: ouzo et mézzés. Cela fait deux-trois fois que je mange là. C’est eux qui me proposent les mézzés pour le prix de la moitié d’un repas.
Puis le patron vient m’apporter deux kilos de grosses tomates de son jardin dans un sac plastique… “ce n’est pas organique mais …”
je comprend qu’il ne traite pas … et aussi que le sens de l’hospitalité est toujours bien vivant!
(restaurant ‘le Panorama’, route de Mitilini )