SKIATHOS, SKOPELOS, ALONISSOS… LES SPORADES, LES ILES DISPERSEES…

Temps gris aujourd’hui au mouillage. Pourtant le temps serait idéal pour se rendre à SKYROS, plus au sud, île plus à l’écart et plus sauvage. Mais on ne peut pas toujours courir d’île en île comme un cheval de Poséidon. Et si je visitais vraiment ALONISSOS? Mais reprenons dans l’ordre:

SKIATHOS:  la sans-âme

Depuis le départ certaines îles m’ont plu, d’autres moins. Celle-ci m’a déplu. Certes le lieu est beau, le village construit en hauteur, ruelles, escaliers, maisons plutôt jolies…

                

Mais c’est une des rares îles où j’ai trouvé les habitants antipathiques, anampathiques, maussades, renfermés sur eux-mêmes. J’ai déjà rencontré cette faune à Moustiers-Sainte Marie, Lourdes, Cassis, Arzon … toutes ces villes où, que vous soyez accueillants ou non, les gens reviennent, remplacés par d’autres, innombrables, comme les vagues sans fin de la mer touristique, qui submerge tout. Qui avilit tout. Ces “incontournables” des guides! “Que faire à SKIATHOS? Où prendre un verre? La plus belle plage de rêve? Où sortir? Où manger typiquement grec?”…  Mamma Mia!.. Ah non, ça c’est SKOPELOS!!

C’est d’autant plus perceptible dans cette avant-saison. Centaines de boutiques nichées dans le moindre recoin ‘authentique’  fermées ou en travaux, vendant à peu près tout ce qui peut se transformer en euros, vendeurs-euses l’oreille vissée à leur smartphone, rues sans vie…

 

 

( Tout-en-Plàstikos! )

 

Cela disparaît en juillet et en août, quand le flot des estivants envahit les rues, quand le nombre justifie le nombre, quand  les gens achètent parce qu’ils s’emmerdent et qu’il faut avoir ‘réussi sa semaine’. Retrouver les mêmes choses qu’ailleurs, manger les dix mêmes sempiternels plats de tavernas, se baigner dans les mêmes criques surpeuplées, prendre les mêmes selfies, louer les mêmes engins de plages…

A SKIATHOS il n’y a que ça, et le vieux-village, qui n’a rien de vieux du tout, et est loin d’être le plus joli à faire à pieds.

 

SKOPELOS:  l’intermédiaire

A SKOPELOS cette sensation ne disparaît pas mais s’atténue. Malgré le loueur de catamarans sur le grand quai Ouest qui attend que je sois amarré pour me dire qu’ici c’est pour les professionnels (le quai est quasi vide) et que je dois aller en face.. Les gens sont moins déplaisants. Je cherche en vains un petit bar sympa pour boire une bière, mais ils me rappellent tous les bars de SKIATHOS et je me laisse convaincre par mes pieds pour explorer le village en hauteur. Moins de boutiques, de  RB&B, de House Maria, House Pamela, House  Daniela.. bruits de disqueuse ou de bétonnière. Surtout un village vraiment beau, habité, et un point de vue magnifique tout en haut.

       

 

       

                   

Oui, ça vaut le coup de venir à SKOPELOS, hors-saison tout au moins. Le tourisme n’y a pas tout ruiné.

ALONISSOS:  la verte!

J’y arrive le Vendredi-Saint. Tout est fermé. J’ai  choisi de mouiller dans le petit port de VOTSI, à l’Est de celui de PATITIRI, la ‘capitale’. Mini port où l’on doit s’ancrer en portant une longue amarre à terre, il n’y a pas de place pour ‘éviter’ (tourner avec le vent autour de son ancre). Immobiliser le bateau, mouiller, calculer la distance à la falaise, gonfler l’annexe, charger l’aussière flottante, l’attacher à un rocher, retourner à bord, ‘wincher’ l’aussière jusqu’à ce que le bateau soit perpendiculaire à la falaise. Idéalement il en faudrait deux… Je me dis que je ne suis pas doué, et surtout très lent. Mais un Dufour grec arrive le soir avec plusieurs équipiers et leur amarrage dure jusqu’à la nuit, annexe et lampe frontale…

16h. Petit restau au-dessus, vue sur le bateau. Et je rejoins PATITIRI par la route. J’aurais pu y accoster au quai de la ville. Un voisin suédois de SKOPELOS y est le seul voilier. Calme. Impression de ville endormie. Peu de boutiques. Des restaurants. Il est 17 heures. Pas trop envie mais je pars ‘en repérage’ pour demain vers la Chora, le vieux village tout en haut, 4 km. Pour une fois j’aurais bien pris un taxi. Il n’y en a pas. Pas de bus non plus.

Et je me laisse gagner peu à peu par le charme de l’île. Cette île est belle! Je découvre une campagne boisée, des vergers, des oliveraies, des poulaillers, des maisons qui doivent être agréables à vivre… et j’arrive à la Chora. Pour la descente on verra bien… plus tard. Le vieux village n’est pas si vieux; ou alors tout en haut. Nombreuses maisons,  un peu carte-postale mais jolies, terrasses, ombrages, vieux arbres, chemins empierrés.  En haut quelques vieilles habitations, petites, couleur pierre, qui me rappellent certains hameaux de chez moi, dans l’Aude.  Point de vue sur les deux côtes Ouest et Est impressionnant. Mais TOUT est désert. Cela ne vit QUE pendant les vacances. Le touriste repart, la vie s’arrête.

       

         

 

 

Oui c’est triste, me dit la dame de l’auberge au retour au bateau. Plus de commerces; plus de vie à l’année. Elle a connu autre chose. Le soir une cérémonie pour la crucifixion (orthodoxe) du Christ avec procession et chants a lieu à PATITIRI, me dit un professeur d’anglais à la retraite. Mais je suis un peu fatigué pour y aller puis  rentrer de nuit à VOTSI.

 

 

Aujourd’hui blog et peut-être courses ou location et visite de l’île, selon l’humeur. Il semble qu’il y ait un joli port de pêcheurs un peu plus haut à STENI VALA. Une chose est sûre: je ne regrette pas de me fier à mon instinct. De ‘perdre’ du temps où mon envie me dicte d’en perdre. Même si cette façon de vivre hors tumulte, hors tempêtes, hors injonctions extérieures… n’est qu’une interprétation de la réalité. C’est une des différences entre le tourisme et le voyage.

 

( VOTSI: en saison les bateaux se touchent tout le long de la falaise)